20 000 ans SOUS TERRE, aujourd’hui dans votre VERRE
En Gironde, l’eau que vous buvez aujourd’hui a commencé son voyage il y a des millénaires.
Elle a traversé les âges, les roches, les couches de temps, jusqu’à votre robinet. Elle est rare, précieuse, silencieuse… et vitale.
Elle provient des Nappes profondes, un patrimoine exceptionnel à préserver.
L’Age de l’eau, une campagne en vidéo :
L’eau en Gironde, un patrimoine naturel souterrain, un trésor invisible
Quand on évoque les eaux souterraines, on entend souvent parler de nappes phréatiques, en associant systématiquement l’adjectif « phréatique » au mot nappe. Et pourtant… toutes les nappes d’eau souterraine ne sont pas phréatiques ! Loin de là, en particulier en Gironde.
Du grec ancien « phréar » (φρέαρ) signifiant puit, la nappe phréatique est donc la nappe des puits, creusés à la main, la première que l’on rencontre sous le sol. Mais vous pouvez trouver d’autres nappes sous la nappe phréatique, plus en profondeur. En Gironde, il peut localement exister jusqu’à 8 nappes sous la nappe phréatique, accessibles de quelques dizaines à mètres à plus d’1 km de profondeur. On ne va pas y chercher l’eau avec des puits, mais avec des forages.
Voici un schéma explicatif de la circulation de l’eau en Gironde et de cette superposition de nappes profondes :
Autre idée reçue : quand on évoque les eaux souterraines, on imagine souvent des rivières ou des lacs souterrains. Et pourtant, il est rare que l’eau souterraine se trouve sous cette forme dans la nature, uniquement dans certains massifs calcaires où peuvent se développer des cavités parfois visitables (on parle de calcaires karstiques). A l’inverse, l’eau souterraine est invisible, elle occupe les vides dans la roche, quelle que soit la taille de ces vides, entre lesquels elle peut circuler. Et dans plus de 95% des cas, l’eau souterraine se rencontre sous forme de nappe au sein de roches poreuses. Elle en remplit toutes les cavités dont les dimensions peuvent être microscopiques.
Autre spécificité de nos Nappes profondes de Gironde, elles sont (presque toujours) captives, c’est-à-dire que l’eau y est sous pression. C’est le cas lorsque le réservoir dans lequel s’écoule l’eau est surmonté d’une couche imperméable et que le niveau d’eau ne peut pas dépasser le haut du réservoir. L’eau se met alors sous pression. La pression peut parfois être suffisante pour que l’eau jaillisse naturellement en surface dans un forage atteignant cette nappe.
Comprendre l’âge de l’eau
Mais pourquoi est-elle si vieille ?
L’eau des nappes profondes de Gironde circule globalement des contreforts du Massif Central vers l’océan, son exutoire. Il y a une vingtaine de milliers d’années, à la fin des dernières glaciations, la circulation de l’eau dans les nappes profondes était bien plus intense et rapide qu’aujourd’hui, d’abord parce qu’il pleuvait beaucoup plus et que les glaces fondaient, ensuite parce que le niveau de l’océan dans lequel se déversent ces nappes était environ 150 mètres plus bas qu’aujourd’hui. Actuellement les entrées d’eau sont bien moins importantes : elles sont uniquement assurées par l’infiltration d’eau de pluie (provenant du Massif Central).
Par ailleurs, l’océan, dont le niveau est monté de plus de 100 mètres avec la fonte des glaces, exerce une pression qui a ralenti les sorties d’eau. Et s’il sort moins d’eau, il peut moins en rentrer. La circulation de l’eau dans les nappes est donc beaucoup plus lente que du temps des mammouths et de l’homme de Cro-Magnon. Et cette lenteur explique que l’eau soit si âgée !
Quel âge a l’eau que je bois ?
L’eau de nos nappes profondes est donc âgée. La nappe de l’Eocène, par exemple, affiche un âge moyen de 20 000 ans. Cependant, l’âge de l’eau varie d’une nappe à l’autre, et même au sein d’une nappe. Ces variations s’expliquent par des spécificités géologiques, des chemins d’écoulement de l’eau différents mais aussi des mélanges entre des eaux anciennes, stockées depuis très longtemps dans l’aquifère, et des eaux plus jeunes.
Généralement, plus le réservoir est profond, plus l’eau est ancienne, mais ce n’est pas toujours le cas. Les eaux de la nappe du Crétacé (cf. schéma ci-dessus) devraient être plus âgées que celles de l’Eocène. Et bien non ! Et cette anomalie révèle des circulations des eaux complexes et interroge notre compréhension du fonctionnement global des écoulements souterrains. Donc, en fonction du territoire girondin où vous vous trouvez, l’eau de votre robinet peut avoir des âges très variés. Son âge peut aller de quelques milliers à plusieurs dizaines de milliers d’année !
Pour tenter d’y voir plus clair, le SMEGREG a lancé en octobre 2024 et durant toute l’année 2025, une première campagne de datation des eaux au carbone 14 (14C) sur les forages exploités par les services d’eau potable membres de l’établissement.
Comment détermine-t-on l’âge de l’eau ?
Le carbone possède plusieurs formes – ou « isotopes » – parmi lesquelles le carbone 14, ou 14C. Cet élément est radioactif, et sa radioactivité décroît au fil du temps à un rythme parfaitement régulier. Les scientifiques s’en servent donc comme « chronomètre » pour estimer l’âge d’objets très variés : œuvres d’art, roches, fossiles et aussi l’eau.
Grâce à cette spécificité, en mesurant l’activité en 14C dans les eaux souterraines, il est possible d’estimer depuis combien de temps elles sont piégées dans le réservoir aquifère, sorte « d’âge de l’eau ».
Une qualité naturellement exceptionnelle
Trésor souterrain, lentement façonné par la nature au fil des millénaires, captée à plusieurs centaines de mètres de profondeur, l’eau des nappes profondes de Gironde se distingue par une qualité remarquable. Elle a entamé son voyage il y a plusieurs milliers d’années, s’est infiltrée doucement dans le sol, avant de rejoindre des réservoirs souterrains protégés, où, enfouie profondément dans les couches géologiques, elle circule très lentement. Ces nappes « captives », isolées de la surface par des couches étanches, sont préservées de toute intrusion extérieure, et donc des pollutions modernes : pas de pesticides, pas de nitrates, pas de rejets industriels. L’eau est restée intacte. Elle n’a pas connu l’empreinte de l’homme moderne.
Une pureté qui se passe parfois de traitement
Sa stabilité naturelle, sa minéralisation équilibrée, et son absence de polluants permettent, dans certains cas, de la distribuer sans traitement. Le chlore qu’on y ajoute vise seulement à garantir que l’eau restera stérile entre son pompage dans un forage et votre robinet.
Un patrimoine invisible, mais vital
Cette qualité exceptionnelle est un privilège rare. Peu de territoires en France peuvent encore s’appuyer sur une ressource aussi pure et abondante. C’est pourquoi elle est précieuse et doit être préservée.
Une ressource unique à préserver
Des nappes surexploitées
Compte tenu de l’excellente qualité de l’eau issue des Nappes profondes, protégée de toutes les sources de pollution liées aux activités humaines, leur usage pour l’alimentation en eau potable est privilégié.
L’eau potable est donc issue à 97 % des eaux souterraines, dont 75% de nappes profondes. Des études ont révélé que certaines nappes sont localement en limite de surexploitation, voire surexploitées : cela signifie que les volumes prélevés sont trop importants et menacent la pérennité de la ressource. Préserver ces nappes est donc indipensable, il faut prélever moins d’eau dedans, ce qui passe en priorité par des économies, chacun à son niveau et dans son quotidien.
Des gestes simples à adopter
À la maison, les consommations diffèrent en fonction des pièces et des usages. On peut relever notamment qu’avec près de 40% de l’eau potable utilisée pour l’hygiène, la salle de bain est l’endroit où le foyer consomme le plus d’eau. Viennent ensuite les sanitaires où près de 20% de l’eau potable est utilisée pour tirer la chasse. La lessive et la vaisselle représentent respectivement 12 et 10% de l ’utilisation. La cuisine, quant à elle, seulement 6%.
Avec un peu de bon sens et quelques réflexes à adopter , un monde d’économies est à notre portée, rendez-vous sur le site jeconomiseleau.org pour tout savoir !
