Quel âge à l’eau que vous buvez ?
C’est peut-être un détail pour vous, mais pourtant, ça en dit beaucoup ! On vous le répète souvent, en Gironde, l’eau de nos nappes profondes est âgée. La nappe de l’Eocène, par exemple, affiche un âge moyen de 20 000 ans. Mais saviez-vous que leur âge n’est pas homogène et que ces disparités traduisent des comportements atypiques ? On vous explique tout…
On vous le répète souvent, en Gironde, l’eau de nos nappes profondes est âgée. La nappe de l’Eocène, par exemple, affiche un âge moyen de 20 000 ans. Cependant, l’âge de l’eau varie d’une nappe à l’autre et même au sein d’une nappe.
Ces variations s’expliquent par des spécificités géologiques, des chemins d’écoulement de l’eau différents mais aussi des mélanges entre des eaux anciennes, stockées depuis très longtemps dans l’aquifère, et des eaux infiltrées plus récemment.
Généralement, les réservoirs les plus profonds contiennent les eaux les plus anciennes. Par exemple, la nappe du Crétacé devrait être plus ancienne que celle de l’Eocène. Mais en Gironde, ce n’est pas toujours le cas ! Cette anomalie traduit des circulations des eaux complexes et interroge notre compréhension du fonctionnement global des écoulements souterrains.
Pour tenter d’y voir plus clair, le SMEGREG a lancé en octobre une première campagne de datation au carbone 14 (14C) sur les forages d’eau potable exploités par ses membres. Naturellement présent dans l’atmosphère et ainsi dans tous les êtres vivants, et même dans l’eau, le 14C est cependant un peu singulier car il est « radioactif ». Son noyau souffre d’un excès d’énergie qui le rend instable. Pour retrouver sa stabilité, l’atome de 14C libère alors son trop plein d’énergie par désintégration. Autrement dit, son niveau d’énergie (ou d’activité) diminue au fil du temps, suivant une courbe bien connue.
Grâce à cette spécificité, en mesurant l’activité en 14C dans les eaux souterraines, il est possible d’estimer depuis combien de temps elles sont piégées dans le réservoir aquifère, sorte « d’âge de l’eau ». Cette méthode est d’ailleurs la même que celle utilisée pour dater des fossiles, comme ceux des mammouths par exemple !
Ces nouvelles données alimenteront plusieurs projets de recherche, notamment les projets DEESAC et PaléEaux, qui visent à améliorer notre compréhension des nappes profondes et des aquifères captifs du nord du Bassin aquitain. Elles viendront également enrichir le modèle hydrogéologique nord aquitain (MONA), développé par le BRGM et sur lequel s’appuie la définition des volumes maximums prélevables (VMPO).