
La CLE a décidé d’engager la révision des limites à l’exploitation de certaines nappes, les fameux volumes maximum prélevables objectifs (VMPO) : description d’un exercice complexe et exposé des motifs.
Gérer une ressource, qu’elle soit souterraine ou non, nécessite notamment de fixer une limite à son exploitation. Pour les nappes captives à grande inertie de Gironde, cette limite, nommée VMPO pour Volume Maximum Prélevable Objectif, est arrêtée par unité de gestion, c’est-à-dire pour un réservoir donné sur un territoire délimité (Oligocène centre, Eocène nord, Miocène littoral par exemple).
Fixer une valeur de VMPO est un exercice complexe. Il nécessite un modèle mathématique reproduisant le fonctionnement des nappes : le Modèle Mathématique Nord Aquitain (MONA) du BRGM. Ce modèle simule des scénarios d’exploitation pour différents volumes extraits. L’approche de la valeur limite se fait en examinant, pour chaque unité de gestion, les termes du bilan résultant du scénario considéré, et plus particulièrement la variation de la réserve. Pour certaines unités de gestion soumises à un risque particulier identifié sont également scrutées les variations des niveaux d’eau sur des zones précises. Tous ces résultats sont examinés par un groupe d’experts hydrogéologues chargé de juger de l’acceptabilité des résultats et de proposer à la CLE des valeurs de VMPO.
Cette approche se fait par « essais-erreurs » en partant d’un scénario reproduisant le régime d’exploitation existant puis de scénarios augmentant ou réduisant le volume extrait. Cette démarche itérative explique que les valeurs de VMPO soient arrêtées dans l’absolu pour les nappes surexploitées et celles en limite de surexploitation, les scénarios simulés ayant permis d’encadrer cette limite. En revanche, pour certaines unités de gestion, cette limite n’a pas été encadrée faute d’avoir construit et simulé un nombre suffisant de scénarios. En effet, l’élaboration de nouveaux scénarios a souvent été arrêtée compte tenu à la fois de la lourdeur du travail nécessaire et de l’écart entre les volumes testés les plus importants et les prévisions de prélèvements pour le territoire concerné. La valeur du VMPO est dans ce cas fixée par défaut et le SAGE stipule que ces VMPO sont révisables.
Evolution démographique, nouvelle prospective de la demande, volumes prélevés s’approchant de la limite, projet de substitution, nouveaux scénarios du changement climatique, nouvelle version du modèle mathématique sont autant d’éléments pouvant motiver d’engager la révision des VMPO.
Contexte de la révision 2021
Alors que les VMPO ont été arrêtés initialement en 2003 puis révisés en 2013, la CLE a décidé d’engager en 2021 la révision des limites à l’exploitation de 3 unités de gestion pour plusieurs motifs :
- Oligocène Littoral : la demande projetée combinée à la mise en service du Champ captant des landes du Médoc à concurrence de 10 millions de m3/an amènera les prélèvements des valeurs proches du VMPO fixé par défaut ;
- Eocène Littoral : l’augmentation démographique couplée aux modifications des modalités d’approvisionnement de certaines collectivités ont récemment amené le volume prélevé à dépasser le VMPO arrêté par défaut ;
- Eocène Nord : cette unique ressource alternative aux prélèvements à l’Eocène Centre pour les collectivités en rive droite de la Dordogne sera sollicitée à des valeurs proches de son VMPO dès lors que le projet de substitution porté par le SIAEPA du Cubzadais-Fronsadais sera en service.
A noter que cet exercice sera également l’occasion de vérifier la pertinence de tous les VMPO arrêtés à l’aide de la dernière version du modèle mathématique nord aquitain et sous la contrainte des derniers scénarios climatiques du GIEC.
Cette révision des VMPO est réalisée avec le soutien financier de l’Agence de l’eau Adour-Garonne.