Solutions fondées sur la nature et eaux souterraines : des nappes profondes aux spécificités intéressantes
Quand on aborde la question des solutions fondées sur la nature en matière d’eau souterraine, on pense généralement à la capacité de stockage des aquifères et donc à la réalimentation artificielle des nappes. Mais on ne pense pas que les nappes peuvent aussi nous permettre de nous passer de tuyaux, au moins dans certains cas.
Quand on aborde la question des solutions fondées sur la nature en matière d’eau souterraine, on pense généralement à la capacité de stockage des aquifères et donc à la réalimentation artificielle des nappes. On ne pense généralement pas, car rares sont les situations qui s’y prêtent, à leur fonction de transfert. Certaines nappes profondes de Gironde, utilisées presque exclusivement pour l’alimentation en eau potable, présentent des caractéristiques qui permettent de mobiliser cette fonction naturelle de transfert comme alternative à la création de canalisation de transport extrêmement coûteuses, le tout au profit de la reconstitution du bon état de la nappe.
Présente sur les 10 000 km² que couvre le département de Gironde, la nappe de l’Eocène est en état de surexploitation sur la moitié de cette surface dont 3 500 km² sur lesquels il n’existe pas d’autre ressource pertinente que cette nappe pour la production d’eau potable.
Dans la mesure où tout nouveau prélèvement est proscrit dans la partie de l’Eocène en état de surexploitation se pose la question des modalités d’approvisionnement futures des territoires qui n’ont que cette ressource en local.
La solution évidente d’un transfert d’eau par canalisation depuis des territoires où la ressource est disponible pose la question des coûts de transfert de relativement faibles volumes sur de longues distances (plusieurs dizaines de kilomètres).

C’est là que les spécificités de certaines nappes profondes à grande inertie de Gironde présentent un intérêt. Compte tenu des conditions de gisement de ces ressources, garantir le bon état de la nappe Eocène sur la vaste Zone Centre impose que soit respectée une limite à l’exploitation en volume annuel mais laisse une quasi-liberté sur la localisation des prélèvements dans l’espace. Peu importe que les prélèvements soient répartis de manière homogène ou à l’inverse concentrés au nord, au sud à l’est ou à l’ouest, l’important est de ne pas dépasser le volume prélevable.
L’intérêt de cette spécificité est de nous permettre d’envisager d’amener de l’eau aux secteurs qui n’ont que l’Eocène surexploité comme ressource, non pas via des canalisations, mais en supprimant des prélèvements dans les zones où des ressources alternatives sont disponibles et en transférant une partie de ces autorisations de prélèvement vers ces territoires éloignés.
Une solution gagnant-gagnant : pour la nappe de l’Eocène dont le bon état sera restauré et pour les usagers des services de l’eau potable avec un impact plus faible du coût de cette réparation sur leur facture d’eau.