Comment réduire à la fois les prélèvements dans les ressources déficitaires et permettre aux services d’eau potable n’ayant que ces ressources pour s’approvisionner de faire face à l’augmentation de la demande ? Les acteurs de la gestion des nappes profondes vont devoir faire un choix : le transfert d’eau ou le transfert d’autorisations de prélèvement.
La récente étude des ressources mobilisables pour l’alimentation en eau potable dans l’est du département de la Gironde (cf. lien vers l’étude) en a fait le constat : une partie du territoire étudié (près de 3 500 km2) ne dispose pas d’autres ressources que la nappe de l’Eocène classée déficitaire par le SAGE Nappes profondes de Gironde et dans laquelle tout nouveau prélèvement est proscrit.
La question de l’approvisionnement des territoires qui ne disposent pas de ressource de substitution se pose donc. Question d’autant plus délicate que tout le département connaît une hausse démographique soutenue et que les économies d’eau, que ce soit par amélioration des performances des réseaux, ou par réduction de la consommation, demandent du temps pour produire des résultats.
Dans ce contexte, deux solutions très différentes sont envisageables pour les territoires sans ressource alternative à l’Eocène centre déficitaire :
- La première est un transfert d’eau par canalisation depuis les zones où les ressources sont abondantes. Mais cette solution présente des difficultés de mise en œuvre liées au coût très élevé des infrastructures à créer et à l’acceptabilité sociale d’un prélèvement au profit d’un autre territoire.
- La seconde, liée à la très grande extension des réservoirs profonds consiste à transférer des autorisations de prélèvements. Mais cela suppose que les services d’eau potable qui disposent de ressources de substitution sur leur territoire les exploitent pour soulager les nappes déficitaires. Une partie des volumes substitués serait abandonnée pour restaurer le bon état de ces nappes, l’autre serait transférée vers les territoires en manque de ressources alternatives.
Efficacité économique et partage équitable des coûts
A priori plus efficace du point de vue technico économique, la 2ème solution pose la question centrale du partage équitable des coûts que la Commission locale de l’eau veille à garantir. En effet, les travaux de substitution (étude, forage, adduction, traitement, stockage, etc.) ne devront pas être supportés par les seuls usagers du service qui substitue, mais aussi par ceux du territoire qui bénéficiera du transfert des autorisations de prélèvement. La récente évolution des missions constitutive de la compétence eau potable intègre désormais de manière facultative la gestion de la ressource. Elle ouvre à présent la possibilité au maître d’ouvrage d’une substitution de demander l’instauration d’une redevance pour service rendu, outil législatif garantissant, via une déclaration d’intérêt général, un partage équitable des coûts.