DATATION DES EAUX

UNE CAMPAGNE SCIENTIFIQUE POUR MIEUX COMPRENDRE LES ECOULEMENTS SOUTERRAINS

Initiée en 2023, la campagne de datation des eaux souterraines menée par le SMEGREG poursuit une double ambition : approfondir la connaissance scientifique des nappes profondes de Gironde et sensibiliser le grand public à la valeur patrimoniale de cette ressource invisible. Ce projet départemental, inédit à l’échelle nationale, s’inscrit dans la continuité des actions menées depuis plusieurs années par l’établissement pour comprendre le fonctionnement des écoulements souterrains sur le territoire.

Un travail scientifique de précision

Entre octobre 2024 et juillet 2025, deux campagnes de prélèvements ont été réalisées sur les forages d’alimentation en eau potable des services membres du SMEGREG. Près de trente nouvelles datations ont été effectuées sur des eaux issues de différents réservoirs souterrains, venant compléter la centaine de mesures déjà réalisées par le passé.

Ces travaux répondent à plusieurs objectifs : mieux comprendre les écoulements entre les différentes nappes, étudier les paléoclimats et les recharges anciennes, et affiner le Modèle mathématique Nord-Aquitain (MONA) développé par le BRGM, outil de référence pour la gestion des nappes profondes utilisé pour la simuler leur fonctionnement sur le long terme.

Les résultats, encore en cours d’interprétation, livrent déjà des enseignements précieux. Ils révèlent une diversité remarquable dans l’âge des eaux selon les zones géographiques et les ressources captées.

Certaines nappes contiennent des eaux très anciennes qui renvoient à une infiltration survenue en période glaciaire, dans des conditions climatiques très différentes de celles d’aujourd’hui. À l’inverse, d’autres datations révèlent des eaux bien plus récentes, âgées de moins de 2 000 ans, traduisant l’infiltration d’eau plus récente, et un temps de renouvellement plus court.

Mieux connaître pour mieux protéger

En général, plus le réservoir est profond, plus l’eau qu’il contient est ancienne. Ainsi, les eaux de la nappe du Crétacé devraient être plus âgées que celles de l’Eocène par exemple. Ce n’est pourtant pas toujours le cas !  Et cette anomalie révèle des circulations souterraines complexes et interroge notre compréhension du fonctionnement global des écoulements souterrains.

Déterminer l’âge des eaux souterraines permet justement de mieux appréhender ces dynamiques complexes. Les datations renseignent sur la vitesse de renouvellement des nappes et sur les échanges existants entre les différents réservoirs. Elles contribuent ainsi à distinguer les réservoirs piégeant des eaux très anciennes, au renouvellement très lent, de ceux bénéficiant d’une recharge par l’infiltration d’eau de pluies contemporaines. Ces informations sont essentielles pour garantir la gestion durable des nappes et anticiper les effets du changement climatique.

Pour le SMEGREG, la datation constitue également un outil de dialogue et de sensibilisation. Révéler que l’eau distribuée au robinet est stockée sous nos pieds depuis plusieurs milliers d’années permet une prise de conscience de la lenteur des écoulements souterrains et du renouvellement des réserves. Et ainsi de comprendre que nos ressources, héritage fragile accumulé au fil des millénaires, ne sont pas inépuisables.